La passion de l’insignifiant


Une citation tirée d’un livre ô combien orthodoxe (j’aurai sans doute d’autres occasions de citer d’autres passages de ce livre qui ne fait que décliner une sorte de « si, si, c’est de l’art, même si ça vous paraît ne l’être pas, vous allez aimer et d’ailleurs vous n’avez pas le choix ») et qui naturellement s’émerveille d’une prodigieuse succession de nullités…

Ce livre, signé Isabelle de Maison Rouge, porte le titre très emblématique Mythologies personnelles (sous-titré L’Art contemporain et l’intime), celui-ci étant une référence à une exposition homonyme de Luc Boltanski datant de 1972. (Sur le site du Centre Pompidou, on retrouve sans surprise, dans un dossier sur « L’objet dans l’art du XXe siècle », cette expression consacrée :« De plus en plus l’œuvre d’art est l’expression de démarches contemporaines isolées à l’enseigne d’une mythologie personnelle dont seul l’artiste possède la clef d’interprétation », ce qui confirme encore une fois le caractère égoïste, symboliquement confiscatoire ou plutôt autistique des démarches à prétention artistique). Elle fait suite à un premier emploi en 1963 de l’expression « mythe personnel » par Charles Mauron, appliquée au champ littéraire.

Voici la délicieuse citation d’Isabelle de Maison Rouge que j’ai sélectionnée pour vous avec le soin d’un faux artisan de publicité (« nous avons sélectionné pour vous… ») ; il s’agit d’un extrait du texte de présentation de la photographe Valérie Jouve, où se dessine quelque chose comme un intérêt, une passion de l’insignifiant : « L’artiste, sociologue de formation, se contente de montrer des gens, sans faire le moindre commentaire critique. Leur seul point commun est ici de marcher dans la rue » (en l’occurrence, il s’agit de la série les Passants, 1999-2001). Voilà qui est en effet digne d’être communiqué au public et estampillé « art ». (Notons surtout que ce n’est, a priori, pas tant le sujet de l’artiste ici que la « justification » théorique qui est risible.)

Un autre extrait du livre par ici.

Un commentaire

  1. 13 février 2012 à 12:52

    […] expose, niant par là-même toute possible communication, toute altérité), selon la notion de « mythologie personnelle » (dont la véritable naissance remonte aux élucubrations théoriques des premiers temps de […]


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