Terence Koh, ou la « poétique de la perte »


« Alors que ses déclarations publiques revendiquent un narcissisme décadent, ses oeuvres passées – périssables en raison des matériaux utilisé comme le lubrifiant, la salive, le sperme ou le chocolat – pourraient suggérer une poétique de la perte plus fragile qu’elles ne le laisseraient croire. A l’inverse, sa prétentieuse installation God (2007) suggère les prémices d’une auto-déification ».

In 100 Contemporary Artists, éd. Taschen, 2011.

Aude Launay, lauréate de la phrase abstruse la plus essoufflante


« En ce 1er novembre 2010, que peut-on encore dire de la peinture si ce n’es qu’elle est une fiction théorique – de par le caractère expansif de son concept – qui semble dorénavant vouée à l’auto-référenciation [Note de Blablart : ce « dorénavant » dure, en fait, depuis un siècle].  L’histoire on ne peut plus chargée de ce medium ainsi que son éternel retour ouvrent un espace de jeu réflexif que les artistes ne cessent d’investir. Les toiles blanches aux motifs répétitifs de Cheyney Thompson ressemblent à des peintures abstraites, mais tenant alors de cette abstraction générationnelle positiviste, dégagée de la spiritualité inhérente au processus de soustraction originel entendu comme purification« , Aude Launay, 02, revue d’art contemporain trimestrielle et gratuite, n°56 (lire l’article complet).

Analysez cette dernière phrase et dégagez-en les idées-clés. Vous avez trois heures.

Cheyney Thompson Chronochrome set 4, 2010. Huile sur toile, 190.5 x 253 cm. Courtesy Sutton Lane, London / Paris. Photo Isabelle Arthuis.

Cheyney Thompson Chronochrome set 4, 2010. Huile sur toile, 190.5 x 253 cm. Courtesy Sutton Lane, London / Paris. Photo Isabelle Arthuis.

Malevitch : « J’ai brisé la frontière de la couleur et j’ai débouché sur du blanc »


Kazimir Malevitch - Carré blanc sur fond blanc, 1918

« Inspiré par le mathématicien et mystique Piotr D. Ouspenski, le peintre russe Kazimir Malevitch cherche à introduire dans le tableau une « quatrième dimension qui permette à l’esprit de pénétrer dans un continuum espace-temps ». Le compositions dites « suprématistes » (parce qu’elles affirment la suprématie de l’abstraction) sont censées constituer une voie d’accès à l’infini et à une réalité au-delà de toute forme. Avec le Carré blanc sur fond blanc de 1918, la teinte qui matérialise l’unité du spectre au-delà des couleurs est emblématiquement favorisée. « J’ai brisé la frontière de la couleur et j’ai débouché sur du blanc », écrit-il », Nadeije Laneyrie-Dagen, Lire la peinture, vol. 1 (éd. Larousse, coll. Reconnaître/Comprendre).

No comment (ou presque) pour Audrey Cottin au Jeu de Paume


Une si prodigieuse inanité se suffit à elle-même : il n’est pas nécessaire de commenter. On se contentera seulement de relever quelle langue mutilée parle cette « artiste » accueillie dans l’un des lieux importants de l’« art » contemporain à Paris (galerie du Jeu de Paume) : « à l’international », « au niveau de… », « puis-je soulever un de tes travails [sic] ? », le tout flottant comme des grumeaux dans l’indigeste sauce du blabla justificateur du néant. Relevons aussi cette phrase exquise : « Ensuite, l’immédiateté, je l’ai inclue [sic] dans la sculpture-objet, qui est donc un objet de performance, qui doit être activée par la foule, ou du moins l’idée de la foule, qui peut s’inscrire lui-même [sic] de soulever et d’articuler la sculpture ».

Si vous êtes capable d’exposer l’intérêt de cette performance, des propos de cette artiste, ce qui caractérise comme étant artistiques ces âneries (hormis le sempiternel alibi du contexte) ; si vous êtes capable d’exposer ce en quoi cette « œuvre » éclaire la destinée humaine, permet au spectateur de densifier le sens de son existence, de l’éclairer, de mieux habiter le monde – visible ou invisible -, d’affuter ses armes pour affronter le monde, nous serons très heureux de vous lire.

Kandinsky : une analyse, façon test de Rorschach


Une constante des théories modernistes, puis postmodernistes : la projection de tout et n’importe quoi, de la part du théoricien (et du regardeur, en général) sur des objets qui ne contiennent pas intrinsèquement ce qu’il énonce. Cela fait immanquablement penser au test psychologique dit « de Rorschach », dans lequel le patient énonce ce que lui évoque une tache d’encre dupliquée par un pliage : « une série de planches de taches symétriques et qui sont proposées à la libre interprétation de la personne évaluée » (merci Wikipedia). Le test de Rorschach est un exercice qui révèle la personnalité du patient qui énonce : elle le renvoie à lui-même ; elle sert l’analyste à effectuer un diagnostic. De la même façon, la projection verbale sur ce que Jean-Philippe Domecq appelle des « objets spéculatifs » (aux deux sens du terme) ne fait que renvoyer le regardeur à lui-même. Une oeuvre vide de signes qui soient communs à celui qui fait (artiste) et celui qui regarde (spectateur) est vide de sens partagé. Et c’est parce qu’elle est vide que, tout comme le miroir, elle renvoie l’image de celui qui la regarde. Ce spectacle, au fond, n’est qu’une façon de jouir de soi, en masturbant son narcissisme avec la main de l’arbitraire, car sans symboles concrets (contraire d’abstrait), il ne peut y avoir de sens partagé : alors, règne l’arbitraire de l’artiste et celui du regardeur, libre d’interpréter à sa guise. Vassily Kandinsky lui-même écrivait en 1912 ce qui ressemble à une intuition des développements du narcissisme de masse (lequel a depuis lors bien pourri en un prétendu hédonisme qui n’est en bonne partie qu’un consumérisme doublé de haine de soi) : « Lorsque la religion, la science et la morale sont ébranlées (celle-ci par la rude main de Nietzsche) et lorsque leurs appuis extérieurs menacent de s’écrouler, l’homme détourne ses regards des contingences extérieures et les ramène sur lui-même ». C’est bien de cela qu’il est question. Voici un cas d’école, tiré d’un livre des éditions Taschen, avec une analyse d’une toile dudit Kandinsky.

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